Découvrir Chay
Avant toute chose, notez qu'on prononce Chay comme dans "pays" et non pas comme "chai" bien qu'il y ait eu des vignes dans le passé ! Certains l'écrivent même Chaÿ !
Chay, commune comtoise des bords de Loue
A la frontière entre Doubs et Jura, la commune de Chay s’étend sur les rives de la Loue, dans sa vallée s’ouvrant après Quingey. Elle se situe sur un axe entre Besançon et le nord du Jura.
Située au cœur de la région de Franche-Comté, la commune de Chay appartient au département du Doubs, en limite du Jura voisin de 2 km. Elle appartient au canton de Quingey et est traversée par la Loue dans sa moyenne vallée.
Après avoir été longtemps sous l’influence de Salins-les-Bains, le découpage départemental l’a placée dans le Doubs. Comme toute la grande région bisontine, la capitale comtoise Besançon possède une attractivité croissante sur le canton de Quingey, mais le Jura reste néanmoins très proche (Salins-les-Bains, Mouchard, Arbois). Chay est traversée par la route nationale 83 reliant Besançon à Lons-le-Saunier et est située à proximité d’Arc-et-Senans et ses célèbres Salines royales (patrimoine mondial de l’UNESCO).
Se blottir au bord de l’eau
La Loue et les sources ont forcément influé sur l’implantation du village. Au cœur d’une vallée rocailleuse, les terres les meilleures longent le cours de l’eau.
Le château médiéval a marqué l’emplacement du bourg ancien, proche du pont et sur l’axe nord-sud longeant la Loue. Le village s’organise aujourd’hui encore sur cet axe parallèle à la rivière mais la rue principale venant et repartant vers la route nationale en est un autre. Protégé du vent et en retrait du lit de la Loue, le village ancien est constitué de grosses fermes en pierre, en partie rénovées.
L'emplacement supposé du château médiéval, proche du pont et alimenté par une source
Une vallée bordée de versants
Surplombé par l'imposant Poupet et le talus du plateau, bordé par le Trémont, le village se blottit le long de l'axe de la vallée de la Loue.
La Loue traverse entièrement le canton, passant à Chenecey-Buillon, Quingey, Chay, Port-Lesney et Arc-et-Senans. La vallée de la Loue se situe entre 260 m et 240 m d'altitude ; les affluents (Furieuse, Bief de Caille, Saumont) creusent les monts qui l'entourent. La forêt de Chaux borde le flanc ouest du canton, alors que l'est est constitué du talus du plateau d'Amancey (plus de 600 m). En son centre, on trouve le faisceau bisontin ou de Quingey (452 m au Trémont), que longe la Loue avant de bifurquer au nord à Port-Lesney, jusqu'à Champagne s/Loue.
Le village de Chay se niche au coeur de cette vallée et étage ses terroirs de 255 à 500 mètres d'altitude.
Situé en retrait du lit principal de la Loue, le village de Chay s'étend le long de la butte menant à la Nationale, à laquelle la relie la D214. Le village est également lié aux communes de Brères et de Rennes s/Loue par la route longeant la Loue. Un pont ancien enjambe la rivière et conduit aux pâtures et au versant boisé du Trémont. Le moulin est alimenté par une dérivation de la Loue. L'habitat neuf se répartit aux extrémités du village ancien : routes de Brères et de Rennes et en haut de la combe.
Un village agricole préservé
Chay et ses 160 habitants demeure un village rural, traditionnellement agricole avec ses 5 exploitaitions et les champs qui l’entourent.
Sur les 650 ha de la superficie communale, 366 ha sont utilisés par l’agriculture. Les terres arables (en jaune) progressent aux dépens des pâturages dans lesquels paissent les troupeaux de vaches, laitières ou à viande. La forêt recouvre l’essentiel des versants du Trémont et de la Fourrée, gagnant du terrain sur les vergers et les vignes disparues.
remarque : cette carte est issue d'une photo aérienne de 2002, les
choix de culture évoluent chaque année.
L'importance de l’eau à Chay
Partout où l’on se trouve à Chay, il y a de l’eau. Les sources y sont nombreuses, les touillons dégorgent en période de crue et la Loue alimente depuis des siècles un moulin.
Un village de la vallée de la Loue
La Loue est une rivière de 126 km de long, prenant sa source à Ouhans et se jettant dans le Doubs à Parcey dans le Jura. Elle a la caractéristique d’être une résurgence du Doubs et d’en être aussi un affluent. Son cours supérieur entre la source et Chenecey-Buillon traverse un paysage encaissé (gorges de Noailles) alors qu’il s’élargit ensuite dans la moyenne vallée (jusqu’à Arc-et-Senans) et devient lent et méandreux dans la basse-vallée en bordure de la forêt de Chaux.
La Loue traverse Chay en pleine moyenne vallée, du nord au sud, en longeant le faisceau de Quingey (Trémont) avant de remonter au nord en aval de Port-Lesney. Le bas de Chay constitue une plaine de débordement lors de ces nombreuses crues.
La Loue et les sources permanentes du site ont certainement constitué des éléments de choix dans l’implantation du village originel, en plus de sa position sur la route du sel. Le village en a tiré profit à l’aide du barrage qui alimente un moulin présent déjà depuis le XIVe siècle.
Le moulin de Chay
Depuis fort longtemps, la Loue faisait tourner un moulin à Chay. On en trouve mention déjà à la fin du XIVème siècle.
Pendant maintes années, il a fait partie de la châtellenie de Chay, appartenant donc aux châtelains comme, parmi d’autres, la famille d’Occors.
De nombreux meuniers ont assuré son fonctionnement : Nicolas Bourgeois en 1694, Joseph Girod en 1803, Pierre-Antoine Grandvoinet en 1840, Roch Bardey en 1846 ou encore François Bardey en 1872.
En 1852, le moulin était composé de deux tournants : un moulin à orge, un moulin à maïs ainsi qu’une ribe à chanvre (d’où les Chenevières du bord de Loue), une scierie, une machine à battre, 7 roues hydrauliques.
Le moulin a aussi fourni au village de l’électricité jusqu’aux années 1940.
Au début du XXème siècle, le meunier, Emile Bardey, a remplacé les roues hydrauliques par des turbines.
Le pont de Chay
Le lieu le plus fréquenté de Chay, c’est bien le pont et ses abords. Il en est ainsi depuis le Moyen-Age, car les hommes se réunissaient là pour les corvées du Seigneur, sur un emplacement stratégique entre le château tout proche et le moulin.
Il permettait aussi différentes finalités économiques comme la desserte des vignes et des blés de la rive gauche de la Loue, un - point de départ des chemins vers Buffard et Liesle, par Trémont, le transport du bois nécessaire à la Saline, pour l’évaporation de la muire, ou encore un pont de secours pour la livraison du sel vers Sain-Vit et Besançon, par Brères, Mesmay et Lombard, quand celui de Rennes était effondré ou emporté par les eaux.
Actuellement, à la belle saison, c’est un coin propice à la détente (baignade, bronzette, pique-nique...) et dont la fréquentation ne fait que croître, puisque le site figure maintenant sur les guides touristiques.
Il est difficile de déterminer avec précision la date de construction du premier pont, mais nous savons qu’en 1423, les bois de Chay étaient réservés pour la cuisson du sel de Salins. Pont de bois, il est emporté par les eaux en 1532, mais la Saline refuse de participer financièrement à sa réfection, car le territoire de la communauté s’étend de part et d’autre de la Loue. Décision confirmée dans un acte de 1601. Aux Archives du Doubs, est conservé un croquis du pont, daté de 1711, un pont tout droit et à six piles.
En 1760, pour garantir une meilleure commercialisation de sel, on décide de construire un pont en pierre. Chay paiera le quart de la dépense, Samson, Mesmay, Paroy et Lombard un autre quart. L’autre moitié est financée par un don de Monsieur d’Olivet de Chamolle, notaire à Salins. La rue principale de Chay a d’ailleurs porté son nom, jusqu’à une date très récente. Les hommes des villages cités travailleront en corvée pour l’approvisionnement des matériaux.
Hélas, la débâcle de glace, à la fonte des neiges, a raison des trois dernières piles, d’abord en 1788 et 1795, puis en 1822 et 1830. En 1833, deux piles disparaissent totalement et la Commune de Chay fournit quelques dizaines de pieds de chênes de Trémont pour des réparations de fortune. Les garde-fous ayant disparu, plusieurs noyades se produisent. En 1843, c’est le mur de culée qui s’effondre !
Le 28 mars 1852, l’architecte Pompée établit un devis pour reconstruction de la seconde moitié, mais en ligne brisée pour utiliser les restes d’anciennes piles. Les pierres nécessaires seront extraites de la carrière sous Boichailles. Montant initial des travaux : 18.689,22 francs, ramené à 14.135 francs. François Dupont de Besançon-St Claude est adjudicataire le 25 mai 1853, mais il décédera avant la fin des travaux. La reconstruction démarrera au printemps 1854 et la réception définitive interviendra le 15 avril 1856. Durant les travaux, un des maçons, Félix Tournier meurt noyé. Pour raison d’économie, les margelles ne seront mises en place qu’en 1857. L’aspect extérieur du pont n’a donc pas changé depuis prés de 150 ans : du bel ouvrage. Pour le paiement des travaux, la Commune va se saigner, en vendant 8 hectares de bois, en instituant des taxes comme celle sur les chiens et en réduisant l’indemnité annuelle du curé de Paroy (un scandale !). Mais le compte n’y était toujours pas et il fallut contacter un emprunt de 5000 francs, ce qui va mettre à sec le budget communal pour 15 ans. La dépense était toutefois judicieuse puisque 150 ans après, il rend toujours d’appréciables services.
Quant au sable de la gravière, il a toujours été accessible gratuitement pour les Chaillerots, mais les habitants des villages voisins doivent le payer, dès 1821. A partir de 1840, la gravière est louée par adjudication tous les 3 ans, les gens du pays continuant de bénéficier de l’avantage ancien.
Robuste
mais cher pont, pont des rencontres amicales, pont des soupirs, pont des amours,
pont de toujours !
Michel Jeanningros,
1998